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Foto Aton P. , Recensione: MARINO QUALIZZA, Israele nella storia délia salvezza secondo San Tommaso d'Aquino, in Antonianum, 55/3 (1980) p. 505-507 .

La destinée d'Israël n'a pas fini d'interroger les théologiens à en juger par le nombre d'études consacrées aux chapitres 9-11 de l'épître de Paul aux Romains. Juifs et Chrétiens s'évertuent à interpréter ce texte difficile selon des optiques différentes, voire opposées. On a parfois l'impression que les exégètes cherchent à justifier leurs choix personnels au lieu d'inter­préter le texte. Aussi devant la variété des solutions proposées et devant certaines théologies des deux alliances parallèles, — qu'on se souvienne des positions de Muller-Duvernoy, de J. Isaac, — un retour aux « classi­ques » permet de prendre un peu de recul dans les discussions actuelles. C'est ce qu'a fait M. Qualizza dans la thèse qu'il a défendue à l'Université grégorienne de Rome.

Bien que le thème de son étude ne soit pas limité aux chapitres 9-11 de l'épître aux Romains, l'A. par son étude approfondie de tous les textes de Saint Thomas traitant d'Israël apporte de nombreux éléments pou­vant éclaircir ce texte fondamental. Après avoir rappelé brièvement la théorie des sens de l'Ecriture de Saint Thomas, l'A. étudie dans le pre­mier chapitre le thème d'Israël comme figure du Christ. Il passe en revue les institutions d'Israël, les sacrements et la circoncision comme figure du Christ. Il est impossible de résumer ce chapitre, tant son contenu est riche. Mais il faut souligner que la pensée de Saint Thomas est ouverte à la dimension historique du salut. Israël est un peuple tendu vers le futur; il ne se définit qu'en fonction du Messie. Israël n'existe que s'il est ouvert à ce futur, à cette histoire du salut. Pour Saint Thomas, la con­dition d'Israël est liée au temps: elle n'est donc pas parfaite. Israël est comme un enfant que Dieu éduque. Sa condition est celle d'une figure et d'une ombre. Ce dernier terme n'est pas péjoratif: il ne signifie pas négation de la réalité, mais relation à la réalité. La réalité vers laquelle Israël est tendue c'est le Messie. Du point de vue historique, entre Israël et Jésus-Christ il y a une continuité et une rupture. La continuité est donnée par Marie, la mère de Jésus, qui était fille d'Israël. La rupture est due au fait que le Père de Jésus est Dieu. En ce sens on peut dire qu'Israël ne peut pas donner le Messie, mais croire seulement à sa venue. Israël n'est donc que la figure du Christ. Mais s'il est figure du Christ, il est aussi figure de l'Eglise. Israël fut le premier tabernacle, l'Eglise est le second. L'Eglise est donc la réalisation de l'histoire d'Israël. Israël existe encore, mais son vrai nom c'est l'Eglise.

Dans le deuxième chapitre l'A. étudie la pensée de Saint Thomas sur le rapport des deux Testaments. Le Christ qui se situe au centre des deux Testaments est la fin et la perfection de l'AT et le début du NT. L'AT est orienté vers le Christ. Il n'est pas détruit, mais transformé par la venue du Christ. Seule une lecture christologique est possible désormais. Par ailleurs, Saint Thomas souligne que le NT n'est pas le fruit d'une évolution mais un don gratuit de Dieu. La différence entre les deux lois ne consiste pas dans la perfection plus ou moins grande de l'une sur l'autre, mais dans le fait que l'AT est une norme extérieure, tandis que le NT est une personne. Dans le NT, c'est le Christ qui se révèle et qui donne l'Esprit. Cet Esprit devient à son tour guide de l'Eglise.

Le dernier chapitre traite la destinée d'Israël dans le temps de l'Eglise. Pour Saint Thomas, le Christ a ouvert une nouvelle ère de l'histoire. Qui n'adhère pas au Christ, demeure hors de l'histoire. L'Israël qui a rejette le Christ relève de l'archéologie historique, bien que cet Israël soit vivant. Cette survivance d'Israël est d'ailleurs la promesse de la résurrection. Si une part d'Israël a manqué à sa mission, c'est à cause de son incroyance. Une part d'Israël n'a pas su lire dans sa propre histoire les compo­santes spirituelles qui la portaient au Christ. Cet endurcissement qui est la suite d'une longue série de péchés amènera certains à se fermer au message libérateur du Christ.

L'ouvrage de M. Qualizza, qui se distingue par l'analyse approfondie des textes de Saint Thomas, mérité d'être connu et étudié par tous ceux qui vivant au contact d'Israël se posent le problème de la destinée mysté­rieuse de ce peuple.


 


 
 
 
 
 
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